21 août 2016

Eleanor & Park

Rainbow Rowell, 2014


1986. Eleanor est nouvelle, bizarrement habillée, rousse et grosse, elle a donc tout pour devenir la tête de Turc de son lycée. 
Park est à moitié coréen et as toujours appris à faire profil bas pour survivre au lycée. 
Pourtant, il va lui éviter une humiliation  dans le bus et petit à petit se rapprocher d'elle, jusqu'à tout faire pour la protéger de l'enfer qu'elle vit au quotidien, chez elle comme au lycée ...



J'ai lu beaucoup de commentaires et de critiques sur ce livre, le comparant aux "classiques" du Young Adult, Nos Etoiles Contraires en tête. Je m'attendais à une histoire poignante mais un peu gentillette sur les bords. Et bien, j'ai été très surprise ! 

Passons rapidement sur le style de l'auteur, j'ai été encore une fois légèrement gêné par la narration à la troisième personne alors que l'on change de point de vu (l’auteur alterne entre Eleanor et Park, au sein même d'un chapitre) mais je me suis habituée bien vite, donc pas vraiment de soucis de ce côté-là.
Il y a aussi quelques retours dans le passé pas toujours très clairs au sein d'un même paragraphe, sans saut de ligne ni alinéa, il vaut mieux être concentré pour suivre les pensées des personnages, mais là encore, rien de dramatique.
L'auteur fait le job, et elle le fait bien en fournissant une écriture vivante qui donne envie de ne pas lâcher le livre.

Maintenant, parlons du contenu, ce qui est plus vraisemblablement la cause de ma lecture sans temps mort. 
Comme dis plus haut, je m'attendais à une histoire belle et simple. Et Eleanor & Park n'est n'y une histoire belle, n'y une histoire simple. C'est dur, souvent triste et j'en suis ressorti avec un léger malaise, mais c'est pour ça que j'ai adoré.
L'auteur décrit parfaitement les rouages de la vie au lycée, sa hiérarchie, le fait que si vous sortez de la norme, vous pouvez être, comme c'est le cas pour Eleanor, harcelé sans que personnes, ni vos camarades, ni les adultes ne s'en souci réellement.
Elle n'est pas complaisante avec ses héros, ne fait pas d'eux des êtres parfaits : j'ai particulièrement apprécié le passage où Park, et malgré tout son amour pour Eleanor, se rend compte que ce serait plus facile si elle n'était pas si hors-norme, qu'il a quand même légèrement honte de sa façon de s'habiller, bref qu'il garde quand même un fond de superficialité, d'envie de conformisme pour s'intégrer au mieux dans son environnement. Ce n'est pas très valorisant de se rendre compte de sa propre superficialité, et pourtant, chacun y est sujet, malgré tout.

Les personnages sonnent justes, sans manichéisme, que se soit les parents de Park, qui aime leur fils, mais qui ont parfois du mal à accepter qu'il ne soit pas le lycéen américain parfait, qu'il aime Eleanor ou qu'il puisse avoir envie de mettre du crayon ; ou Steeve et Tina, qui sont bêtes et méchants, plus par ennui et par jalousie qu'autre chose.
Mention spéciale pour la mère d'Eleanor : femme totalement perdue, attachée à un mari qui la bat et déteste sa fille, mais qui essaye tout de même de la protéger. J'ai trouvé ce personnage extrêmement complexe dans sa psychologie et donc particulièrement intéressant.

L'histoire est dure, et laisse un malaise certain de par sa fin, mais à le mérite de proposer aux ados, une histoire vraie, qui peut se rapprocher de la réalité, même si la différence d'époque me laisse penser qu'aujourd'hui le harcèlement serait plus sur Internet et que les adultes, au moins dans le milieu scolaire, sont mieux préparer (du moins, je l’espère).  
Un très bon livre pour parler de harcèlement, du lycée en général mais qui reste aussi une grande histoire d'amour, même si ce n'est pas ce qui m'a le plus marqué. 
Je ne le conseillerais toutefois pas avant le lycée (+/- 16 ans), l'histoire nécessitant une certaine maturité et un certain vécu pour être pleinement apprécié.

Note : 3.5/5





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