2 sept. 2016

Nerve

Ariel Schulman & Henry Joost, 2016


Pour se convaincre qu'elle n'est pas une coincée, Vee, jeune lycéenne New-Yorkaise, décide de s'inscrire sur Nerve, un jeu où l'on doit faire des défis qui seront filmés. Ça rapporte de la notoriété et de l'argent. Mais, alors que le jeu s'emballe, Vee se rend compte qu'elle ne peut pas arrêter, elle est à la merci des Voyeurs ...


Je partais sur ce film sans avoir lu le livre dont il est tiré, Addict de Jeanne Ryan, et sans en attendre grand chose. Bien m'en a pris car j'ai beaucoup aimé, et ceux pour deux grandes raisons : le tempo du film, sans temps mort et son fond, qui ne stéréotype pas (trop) les adolescents.

Alors oui, il y a des poncifs : les acteurs paraissent bien plus vieux que les personnages qu'ils doivent interpréter, ils ressemblent pour la plupart à des mannequins, ils finissent par gagner à la fin et on a en plus une petite romance que l'on voit venir à des kilomètres à la ronde. Sans parler du meilleur ami amoureux sans retour, de la meilleure amie reine du lycée, ...
Mais ce n'est pas vraiment gênant : quand je vais voir un film catégorisé "Ado", je sais que ce sont des éléments propres à ce type de films. Bon s'ils n'y étaient pas, je ne pleurerais pas, mais voir ces stéréotypes-ci, propre au genre, bah, c'est le jeu, on sais à quoi s'attendre.

Si j'ai bien aimé, c'est qu'on ne s'ennuie absolument pas, c'est quasiment 96 minutes d'actions, bien filmé, avec des scènes de nuit dans New-York qui sont très jolie. C'est bien rythmé, la musique colle parfaitement aux images. Bref, même sans le fond, ça aurait été un film de divertissement bien sympa, surtout pour les vacances.

Mais voilà, il y a le fond, et c'est ça qui m'a vraiment fait aimer, le plaçant plus haut qu'un énième film pour ados de l'été.
J'ai vu des critiques insistant sur la mise en garde qu'offre le film sur la quantité de données que l'on laisse sur internet, et particulièrement sur les réseaux sociaux. Même si c'est bien présent, et véridique, ce n'est pas ce qui m'a le plus enthousiasmée.
La cause du jeu Nerve est ici clairement montrée : d'un côté, il y a un nombre impressionnant d'ados en mal de notoriété et de reconnaissance par leurs pairs, de l'autre, il y a une culture du voyeurisme, qui a toujours existé, mais qui est démultiplié par les possibilités qu'offre internet. 
Et c'est là où le film est bon, dans cette démonstration de la pression sociale qui s'exerce sur les ados : Vee est l'exemple parfait, jeune fille tranquille, elle se lance dans l'aventure Nerve car elle en a marre de passer pour une gentille fille coincée après que son crush du moment l'ai gentiment rembarré.
C'est toute une société basée sur le regard de l'autre qui est mise en scène ici, mais surtout qui est bien mise en scène. L'utilisation des réseaux sociaux, des téléphones ne m'a pas semblé trop caricaturale, mis à part peut-être dans la première scène (des plans sur un écran d'ordi avec tour à tour Spotify, Facebook puis Skype), mais ça ressemble plus à une mise en scène un peu grossière qu'autre chose. 
Pour une fois, ça m'a semblé être un film qui parle des adolescents en ayant compris leurs codes, sans tomber dans les stéréotypes ou la condescendance.

On peut regretter une mise en scène Hollywoodienne, qui ne va pas assez loin dans le concept et la remise en question de cette génération basée sur le voyeurisme, la notoriété et le numérique. Je regrette aussi une fin en happy end, un peu grosse et peu crédible. Je pense que cette patte "Hollywood" empêche le film d'aller au bout de lui-même et de devenir un réel film générationnel, critique et marquant.
Toutefois, ça reste un divertissement de bonne qualité, qui se démarque par une réelle connaissance de son sujet. Ça fait plaisir à voir et je vous le conseil.

Note : 4/5


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